Les événements des dernières 20 années ont imposé à notre conscience des changements essentiels dans la manière de penser et de percevoir les choses et les valeurs. Le processus littéraire bassarabéen comme tout processus culturel, devrait être considéré au contexte socio-historique, or pour comprendre plus profondément l’évolution littéraire (la prose, surtout le roman) pendant cette période-là, il est impérativement nécessaire de suivre les tendances et les lois de développement de la littérature, tant au plan universel que local. On a remarqué des moments significatifs de changement de l’optique narrative et de nouvelles techniques dans notre pays dans les années 60 par l’apparition de quelques romans de facture proustienne. Un pas en avant est observé à la moitié des années 80 du XX ième siècle où le romancier contemporain invente une nouvelle écriture, pose une série de questions sur la condition de l’artiste, sur l’écriture et sur l’homme de nos jours et démontre à la fois le fait que le roman vraiment authentique est expérience et recherche. Le roman expérimental renverse les modèles narratifs traditionnels et remet l’accent du socio-humain sur l’humain, affirme les valeurs de l’individu, place en première ligne l’authenticité de l’observation, les sentiments intimes et adopte la réalité à la première personne. Ainsi les romans „Cubul de zahăr” („Le Cube de Sucre”) de N. Popa et „Martorul” („Le Témoin”) de V. Gîrneţ nous ont parus représentatifs ; ce sont des ouvrages qui correspondent aux caractéristiques mentionnées : le nouveau roman est autobiographique, psychologiste et expérimental, à la ligne Proust, Gide qui méprisent la narration dite objective ; la perspective de la narratologie diminue, la vérité antique, la crédibilité et l’honnêteté de la confession prennent essor.